Pow’her, le premier lieu d’accueil pour les jeunes femmes victimes de violences

Publié le Jeudi 4 mars 2021, Mis à jour le 14/11/2025.

Lutte contre les violences faites aux femmes

Amandine MARAVAL, Directrice du LAO Pow’Her : Je suis Amandine Maraval, je suis la directrice du LAO Pow’Her. C’est un lieu d'accueil et d'orientation pour les jeunes femmes victimes de violence, âgées de 15 à 25 ans. On a créé donc le lieu d'accueil et d'orientation le 2 septembre 2019. C'est un lieu unique en France, et c'est vraiment à titre expérimental, puis un centre d'hébergement d'urgence qui a ouvert en novembre 2020.

LAO Pow’Her est un lieu qui est dédié aux plus jeunes femmes puisque ce qui a été montré c'est que les femmes de moins de 25 ans étaient les premières à être victimes de violences et qu'elles étaient les dernières à aller vers les dispositifs de droit commun pour trouver de l'aide. Ou même vers des associations spécialisées, elles ne s’y reconnaissaient pas. Donc ce public complètement hors radar, qui pourtant meurtri dans leur chair dès la tendre enfance, l'idée était de pouvoir casser ce cercle de violence avant qu'il grandisse trop.

Donc c'est travailler en termes de prévention et arrêter les violences le plus tôt possible. Dès qu'on a vu que le projet demandait des moyens et que les moyens n'étaient pas suffisants pour répondre aux besoins, c'est-à-dire que tout début on avait ce qui pouvait être budgétisé, c'était juste poste d’éducateur et poste de de cadre, nous avons sollicité le Fonds social européen.

Sans le Fonds social européen, cela n'était juste pas possible. Le fonds social européen, aujourd'hui, a permis de recruter une équipe pluridisciplinaire et pluriprofessionnelle. On a aujourd’hui une équipe suffisamment solide même si elle ne suffit pas, parce qu'on s'aperçoit que les résultats de l'expérimentation dépassent totalement ce que nous avions présagé. Mais en tout cas, l'équipe de base, elle est constituée grâce au Fonds social européen.

Pour information, ce qui était attendu c'était 230 jeunes femmes accompagnées au bout des trois ans, nous sommes à un an et demi d'expérimentation, et nous sommes à 264 jeunes femmes accompagnées actuellement. En sachant qu’au début on était à peu près à 10 nouvelles jeunes femmes par mois. Depuis le mois de janvier, on est à peu près à 30 nouvelles jeunes par mois et on sait qu'encore la communication n'est pas encore complètement passée.

On est déjà en train de voir pour développer les lieux, l’agrandir, agrandir l'équipe aussi et puis peut-être dupliquer le dispositif dans d'autres départements aussi. »

Un lieu d’accueil pour des femmes de 15 à 25 ans 

Les enquêtes sociologiques montrent que les jeunes femmes sont les premières victimes de violences sexistes et sexuelles et pourtant, elles ne représentent que 11% des appelantes du 3919 et 10 % des bénéficiaires des structures spécialisées ou de droit commun. Ces jeunes femmes sont hors des radars … alors que plus on intervient tôt, plus on a de chances que le continuum des violences s’arrête », explique Amandine Maraval, directrice du centre. 

C’est notamment en réponse à cette problématique que le lieu d’accueil pour les jeunes femmes de 15 à 25 ans victimes de violences a ouvert ses portes en septembre 2019. Depuis, 264 jeunes femmes de cette tranche d’âge ont été accompagnées individuellement, sur plus de 300 jeunes femmes qui ont passé le pas de la porte de Pow'her. L’association estimait initialement que 230 personnes seraient reçues en trois ans.

Ce chiffre ne représente pourtant qu’une partie infime de la réalité. Il aurait été nécessaire d’élargir la tranche d’âge aux 12-25 ans, tant les violences intrafamiliales sont nombreuses. En plus, nous n’accueillons pas les plus jeunes, ce qui serait d’ailleurs intéressant quand on voit que 84 % des jeunes femmes sont victimes de violences intrafamiliales et que c’est généralement le point de départ de toutes les violences qui suivront”. 

Un accompagnement en plusieurs étapes

Le centre met à disposition un accompagnement pluridisciplinaire des jeunes femmes, en plus d’un lieu où vivre en sécurité : elles y trouvent de l'écoute et du soutien des éducatrices spécialisées, d’une psychologue, d’une juriste, d’une conseillère familiale et conjugale, d’une animatrice et d’une intervenante en développement personnel et professionnel.

Un tiers des jeunes femmes accueillies ont été mariées de force ou ont eu recours à une ou plusieurs interruptions de grossesse. Forte de ce constat, l’équipe travaille de plus en plus sur la prévention, et met en place des cafés débats pour libérer la parole. D’ici quelques mois, un groupe de jeunes femmes du lieu d’accueil et d’orientation créera un théâtre forum sur les violences et se produira devant des élèves de lycées de l’Île-de-France pour prévenir et reconnaitre les violences chez les plus jeunes.

Redonner du pouvoir, offrir de nouvelles opportunités 

Le lieu d’accueil et d’orientation écoute et protège ces jeunes femmes mais vient aussi leur offrir de nouvelles opportunités. Les jeunes femmes sont invitées à créer différents projets, étudier la question des violences au-delà des frontières. 

Les femmes sont encouragées à retrouver du pouvoir, d’où le nom du centre “Pow’her” qu’elles ont pu choisir. 

Un lieu qui n’aurait pas vu le jour sans le Fonds social européen 

L’association “Une femme, un toit” est née en 1969. En septembre 2019, le lieu d’accueil et d’orientation pour les jeunes femmes victimes de violences voit le jour, une première en France. “C’est la seule structure du genre en France pour l’accueil des femmes qui ont entre 15 et 25 ans victimes de violences... Et ce, grâce à l’intervention du Fonds social européen !” souligne Amandine Maraval (260 000 euros de FSE dans le cadre de l’investissement territorial intégré porté par Est Ensemble). L'association bénéficie aussi de financements de l'État, du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et des villes de Paris et de Bagnolet pour mener à bien ce projet.